Secular and Religious Education: Perpetuated Hierarchies and Misunderstandings / L’éducation séculière et religieuse : hiérarchies et malentendus perpétués

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Students in a lecture at Dar es Salaam University.

A recent study from the Pew Research Center focused on educational attainment among religious groups found that within sub-Saharan Africa, there is a significant gap between Muslims and Christians. Sixty-five percent of Muslims in the region had no formal education, compared to 30 percent of Christians.

Pew offered context for the study, with a Q&A with Melina Platas at New York University Abu Dhabi, who said that the history of colonialism in sub-Saharan Africa was largely to blame for the difference in educational attainment.

“The distribution of Christian missionary schools, many of which formed the basis of the education sector in independent Africa, had a profound and long-term effect on educational attainment. Missionary schools were often sparse in predominantly Muslim areas for political and geographic reasons. In many cases, Muslims had already established their own Islamic education systems, and sometimes political systems as well. In these areas, colonial authorities often limited educational investments, especially by Christians, either to avoid conflict or because of perceived low demand for Western-style education. These patterns of educational investment during the colonial period led, I believe, to the emergence of the education gap between Muslims and Christians.”

In commenting on the Pew study, Abdi Latif Dahir writes for Quartz Africa that even if there were missionary schools available for Muslim children, “Muslim families [during the colonial era] never sent their children to these schools, fearing their conversion—a decision that had a profound impact on younger generations.”

The CIHA Blog finds that the Pew study gives an incomplete picture of religious and secular education in sub-Saharan Africa. Pew only counted education in secular schools or in religious schools that conform to state or government educational standards. In many Muslim-majority areas, students attend Koranic schools. Some of these may include a “conventional” curriculum in addition to studies of the Koran but may not be formally acknowledged to conform to state standards, although others do not. We are not aware of adequate data to make broad generalizations. Christian missionary schools, moreover, frequently became the models for education in post-colonial governance (in some places, Koranic schools were set up as alternatives to Christian missionary schools).

Some countries, moreover, follow different patterns than those outlined by the report. In Senegal, for example, private Catholic schools established during the colonial period follow national standards, but they also enroll a majority of Muslim children (Senegal’s population is 95 percent Muslim). Catechism courses in these schools, as a result, are confined to Christians only so as not to interfere with the religious liberty of Muslim students, as stipulated by the constitution. Arabic-Islamic schools also exist, and in 2002–2003 the government moved to incorporate Franco-Arabic schools into the formal educational system. At the same time, many of the more informal Koranic schools also developed broader curricula to compete with the Franco-Arabic schools. As a result, the Senegalese state has since attempted to create legislation that would bring the Koranic schools into the more formalized system by “modernizing” them and regulating their instruction. This kind of legislation continues to be hotly debated by imams, Koranic instructors, and government figures.

South Africa, too, provides a different pattern. In Cape Town in the late 19th and early 20th centuries, for example, there was an attempt to modernize with the establishment of Muslim Mission Schools at the elementary level. This experiment was relatively successful, but in recent times many of these schools have closed down, together with Christian schools, as the state is providing public schooling. In post-Apartheid South Africa, there has also been a growth of Islamic high schools with varied curricula. Abdulkader Tayob is one of the foremost experts on Islamic education in South Africa. His collaborative work with other scholars demonstrates the variety and quality of much Islamic education in that country.

In conclusion, discounting religious schools in this study perpetuates the hierarchy of what is considered “legitimate education” and can perpetuate misunderstanding about the content and debates within and about Islamic schools by those concerned.


Une étude récente du Centre de Recherche de Pew portant sur le niveau scolaire à travers les groupes religieux a montré qu’en Afrique Subsaharienne un important gap prévaut entre Musulmans et Chrétiens. 65% des musulmans dans la région n’ont pas accès à une éducation formelle contre 30% des chrétiens.

Le centre de Recherche a proposé un contexte pour l’étude, avec un Q&A avec Melina Platas de l’Université Abu Dhabi de New York, qui déclare que l’histoire du colonialisme en Afrique subsaharienne a été pour une grande part à blâmer par rapport à la différence dans le niveau de scolarité.

“La répartition des écoles missionnaires chrétiennes, dont beaucoup parmi elles ont constitué la base du secteur de l’éducation en Afrique indépendante, a eu un effet profond et à long terme sur le niveau de scolarité. Les écoles missionnaires étaient souvent clairsemées dans les zones majoritairement musulmanes pour des raisons politiques et géographiques. Dans de nombreux cas, les musulmans avaient déjà établi leurs propres systèmes d’éducation islamique, et parfois aussi des systèmes politiques. Dans ces espaces, les autorités coloniales réduisaient souvent les investissements en faveur de l’éducation, en particulier par les chrétiens, soit pour éviter les conflits, soit parce que la demande d’éducation occidentale était faiblement perçue. Ces modèles d’investissement éducatif pendant la période coloniale ont conduit, à mon avis, à l’émergence de l’écart d’éducation entre musulmans et chrétiens.”

En commentant l’étude de Pew, Abdi Latif Dahir écrit pour Quartz Africa que, même s’il y avait des écoles missionnaires disponibles pour les enfants musulmans, «les familles musulmanes [pendant l’ère coloniale] n’ont jamais envoyé leurs enfants dans ces écoles, craignant leur conversion- une décision qui a eu un profond impact sur les jeunes générations.

Le Blog de CIHA trouve que l’étude Pew donne une image incomplète de l’éducation religieuse et laïque en Afrique subsaharienne. Pew ne comptait que l’éducation dans les écoles laïques ou dans les écoles religieuses conformes aux normes d’enseignement de l’État ou du gouvernement. Dans de nombreuses zones à majorité musulmane, les élèves fréquentent les écoles coraniques. Certaines d’entre elles peuvent inclure un programme “conventionnel” en plus des études coraniques, mais ne peuvent pas être formellement reconnus conformes aux normes étatiques, bien que d’autres ne le font pas. Nous ne sommes pas au fait de suffisamment de données pour faire de larges généralisations. De plus, les écoles missionnaires chrétiennes sont généralement devenues les modèles d’éducation dans la gouvernance post-coloniale (dans certains endroits, les écoles coraniques ont été mises en place comme des alternatives aux écoles missionnaires chrétiennes.

En outre, certains pays suivent des modèles différents de ceux décrits dans le rapport. Au Sénégal, par exemple, les écoles catholiques privées établies pendant la période coloniale suivent le programme national, mais elles comptent également une majorité d’enfants musulmans (la population sénégalaise est à 95% musulmane). Les cours de catéchisme dans ces écoles, par conséquent, sont uniquement réservés aux chrétiens pour ne pas entraver la liberté religieuse des élèves musulmans, comme stipulée par la constitution. Il existe aussi des écoles arabo-islamiques et, en 2002-2003, le gouvernement a intégré les écoles franco-arabes dans le système éducatif formel. En même temps, bon nombre des écoles coraniques plus informelles ont également développé des programmes plus larges pour concurrencer les écoles franco-arabes. En conséquence, l’État sénégalais a depuis tenté de faire une législation qui ferait entrer les écoles coraniques dans le système plus formalisé en les «modernisant» et en réglementant leur enseignement. Ce projet de loi continue d’être vivement débattu par les imams, les maitres coraniques et les autorités gouvernementales.

L’Afrique du Sud, elle aussi, offre un modèle différent. À Cape Town, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, par exemple, on a tenté de se moderniser avec la création d’Écoles missionnaires musulmanes au niveau élémentaire. Cette expérience a été relativement réussie, mais ces dernières années, bon nombre de ces écoles ont fermé, avec les écoles chrétiennes, puisque l’État offre une scolarité publique. En Afrique du Sud post-apartheid, il y a eu aussi une croissance des écoles secondaires islamiques avec des programmes variés. Abdulkader Tayob est l’un des principaux experts en éducation islamique en Afrique du Sud. Son travail collaboratif avec d’autres chercheurs démontre la variété et la qualité de l’éducation islamique dans ce pays.

En conclusion, l’actualisation des écoles religieuses dans cette étude perpétue la hiérarchie de ce qui est considéré comme « éducation légitime » et peut perpétuer le malentendu sur le contenu et les débats au sein et sur les écoles islamiques par les intéressés.

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